La deuxième extension de l’Hôpital civil de Strasbourg

Une fois n’est pas coutume, c’est mon arrière-grand-oncle Auguste Wendling qui prend la plume. Lui-même architecte à la suite de son père Antoine Wendling, il raconte la deuxième extension de l’Hôpital civil de Strasbourg. Opérée de 1905 à 1914, volonté de la Ville et de Rudolf Schwander, elle est l’œuvre des frères Bonatz, jeunes architectes allemands.

L’Hôpital de Rudolf Schwander

Strasbourg - Plan Hôpital civil 1900
Plan des remparts sud de Strasbourg en 1900. Il s’agit de racheter le terrain en vert situé devant la Spitalwall Strasse.

Avant même la fin des travaux de la première extension, le maire de Strasbourg Otto Back cherche à agrandir encore l’hôpital de la Ville. Dès 1898, il entre en pourparler avec l’armée pour racheter le glacis du rempart jusqu’au canal de jonction. L’opération offrirait 12 ha supplémentaires. Il confie le projet de construction à un jeune adjoint, Rudolf Schwander. Ce protestant social-libéral, favorable au régime allemand, s’investit pleinement dans la politique sociale de la Ville. Soucieux des risques sanitaires futurs, et notamment des épidémies, il désire une extension large et prospective.

Les frères Bonatz et l’Hôpital de Strasbourg

Auguste Wendling nous présente alors les frères Bonatz, Paul et Karl. Âgés de 28 et 23 ans seulement, ils sont originaires de Stuttgart. Le choix de la Ville se porte sur eux, malgré leur jeune âge. Mon arrière-grand-oncle ne cache pas l’admiration qu’il porte à leur puissance de travail. Onze pavillons hospitaliers ou de services vont sortir de terres en moins de dix ans, dans un style architectural très différent de la première extension. Inspirés par le Heimatschutz, les frères Bonatz prônent une architecture simple et fonctionnelle, mais proche de racines germaniques.

Maquette de la deuxième extension de l'Hôpital civil de Strasbourg
Maquette de la deuxième extension de l’Hôpital civil de Strasbourg

Les services généraux de l’Hôpital de Strasbourg

Strasbourg - Hôpital civil - Dessin buanderie et cuisine
La buanderie et la cuisine de l’Hôpital civil – Dessin de Paul Bonatz

Les deux frères commencent par doter l’Hôpital, dès 1905, de bâtiments de services administratifs et techniques. Véritable ville dans la ville, la structure doit pouvoir compter sur sa boulangerie, sa buanderie, sa chaufferie, son service d’ambulances… Les édifices donnent le ton : toits pentus, tuiles, ouvertures nombreuses à petit bois, absence de fioritures inutiles.

Les nouvelles cliniques de l’Hôpital

Strasbourg - Hôpital civil - Clinique Chirurgicale B
La façade nord de la Clinique Chirurgicale B – Dessin de Paul Bonatz

À l’image des nouvelles cliniques Médicale B et Chirurgicale B, de nombreux pavillons sortent ensuite de terre. Beaucoup existent encore de nos jours, comme la clinique neurologique, la radiothérapie ou la clinique ORL. Cette dernière ne sera achevée qu’après 1918 et la fin de la guerre. D’autres ont cédé leurs places aux installations du NHC. C’est le cas de la grande Clinique Infantile, par exemple, ou de l’Hôpital des maladies épidémiques.

Entre l’article de son père sur la première extension et le sien, les Wendling nous guident dans le dédale de cette « ville pour soigner » dont notre époque a largement hérité. À la pointe du progrès en son temps, citée et reconnue, elle reste aujourd’hui un objet architectural dans lequel ces articles nous guident.


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