Dans ce nouvel épisode, mon arrière-arrière-grand-père enfonce des portes que l’on croit ouvertes. Tout amoureux de Strasbourg pense connaître par cœur la place Kléber, ses commerces, son histoire, ses bâtiments… Mais ses bâtiments justement ? Antoine Wendling montre que tout le côté sud de la place, ou presque, est en fait postérieur à 1910. Pour une place historique !

De la place Kléber à la Cathédrale

C’est une des plus célèbres vues de la place Kléber qui inspire mon trisaïeul. Motivée par la perspective sur la cathédrale, elle délaisse l’Aubette au nord et se concentre sur les fronts est et sud. Si le front est n’a pas beaucoup changé depuis le temps d’Antoine Wendling, il en va tout autrement du côté sud. Seules trois maisons, les numéros 5, 6 et 7, sont antérieures à 1910 ! Le commerce en constitue une des raisons. Mais la plus importante reste la Grande Percée.

Le magasin Goldschmidt place Kléber

Une des transformations les plus spectaculaires concerne les numéros 1 à 4 de la place Kléber, juste à droite du grand immeuble étroit qui marque la fin de la rue des Grandes Arcades. Ici s’installe Israël Goldschmidt, d’abord en gérance sur les numéros 1 à 3. Il rachète ensuite les immeubles et y installe sa propre enseigne. Pour développer son commerce, il rejoint la tendance des grands magasins en train de fleurir autour de lui : construire un grand immeuble spectaculaire et visible de loin. Antoine Wendling raconte l’immense devanture imaginée par l’architecte Oberthür, sans rapport avec son environnement. Il explique les réactions hostiles qui entraînèrent des modifications. Celles-ci amèneront à la façade que nous connaissons, étendue au numéro 4 et curieusement dissymétrique.

Les disparues de la place Kléber

À partir de 1910, la Ville rachète toutes les maisons du 9 au 16 place Kléber, ainsi que le côté sud de la Grande rue de la Grange. C’est ici qu’aboutira et repartira la Grande Percée, rue du 22-Novembre de l’est, rue de Francs-Bourgeois vers le sud. Mon arrière-arrière-grand-père nous montre l’apparence des immeubles qui seront détruits. Il évoque les commerces qui disparaissent dans l’opération.

La Grande Percée

Finalement, Antoine Wendling assiste, à l’extrême fin de sa vie, à la construction des nouveaux numéros 8 et 9 et de leur vis-à-vis le 10. Ces grands immeubles de commerce et de rapport, aux façades de grès rose, sont le résultat d’un concours d’aménagement du coin sud-ouest de la place Kléber, gagné par Fritz Beblo. Ils ouvrent la perspective vers les Magasins Modernes, aventure commerciale qu’Antoine Wendling n’a pas connue.