Sa naissance racontée par Antoine Wendling
C’est un vieil architecte farouchement francophile qui raconte la naissance du Musée Alsacien de Strasbourg. Mon trisaïeul exprime dans les lignes de ce nouvel article un sentiment mitigé, sans doute surprenant pour nos mentalités actuelles. Mais on comprend – peut-être – dans quelle mesure l’exaltation de l’identité alsacienne pouvait effrayer cet éternel amant de la France.
La Revue Alsacienne illustrée
C’est à Saint-Léonard, près de Boersch, que le mécène Anselme Laugel et le marqueteur Charles Spindler ont l’idée d’une revue trimestrielle. La Revue Alsacienne illustrée, lancée en 1900, avait pour ambition d’explorer l’histoire et la vie artistique alsaciennes. Sans renier ses attaches germaniques, elle exprime ouvertement son tropisme français. Surtout, elle veut montrer l’originalité de l’Alsace, entre les deux nations qui se la disputent.
Antoine Wendling ne s’est jamais abonné à la Revue. Ce qui ne l’empêchait pas d’en parcourir le contenu par le truchement de ses enfants.

Le projet de Musée Alsacien

Ses enfants, justement, bien que très francophiles eux aussi, adhérèrent facilement au projet de Musée Alsacien lancé par les artistes et collectionneurs regroupés autour de Spindler et Laugel. Fondée en novembre 1902, la Société du Musée Alsacien vise à réunir les fonds nécessaires à l’acquisition d’une maison et à l’enrichissement des collections qu’on y exposera. L’ambition est de faire prendre conscience aux « bons Alsaciens », surtout ceux de la ville, de leurs racines, des traditions de leur région. Les usages, costumes, outils, meubles, mais aussi la vie sociale, religieuse, sanitaire, tout doit remémorer au visiteur la spécificité de son terroir d’origine.
Le Musée Alsacien dans ses murs
De nos jours, le Musée Alsacien occupe trois maisons, les numéros 23 à 25 du quai Saint-Nicolas. Antoine Wendling ne parle que du 23. Les deux immeubles suivants n’ont été acquis que dans les années 1970. Mon arrière-arrière-grand-père raconte la restauration minutieuse de cette maison patricienne, sous la direction du très jeune architecte Théo Berst. Grâce aux collections des fondateurs, mais aussi à des legs de membres bienfaiteurs, de nombreuses pièces thématiques s’ouvrent à la visite dès le mois de mai 1907. Une grande kermesse paysanne, animée par la bourgeoisie strasbourgeoise en costumes alsaciens, marque l’inauguration.




Le Musée Alsacien et l’identité alsacienne

Pourtant, à la lecture de son article, on comprend vite les raisons pour lesquelles Antoine Wendling ne montre pas l’enthousiasme auquel on pourrait s’attendre. Pour lui, finalement, se définir comme Alsacien revenait à entériner aussi bien le refus de se définir comme Allemand que l’empêchement de se définir comme Français. Surtout, c’était admettre une notion germanique d’identité, déterminée par la « race », la langue et les traditions, et non par le choix personnel. Le vieil architecte voyait sa mort approcher et comprenait qu’il mourrait, certes Alsacien, mais surtout Allemand.
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