Nous sommes sans doute nombreux à avoir fréquenté la Gallia de Strasbourg comme Resto U. Peut-être avons-nous dansé au Minotaure. Ou bien même habité les chambres d’étudiants de ce vaste édifice. Mon trisaïeul Antoine Wendling raconte la porte des Pêcheurs dont il a pris la place en 1885. Et nous entraîne dans la naissance de ce complexe immobilier de luxe, alors appelé Germania.
L’ancienne porte des Pêcheurs
Jusqu’à la guerre de 1870, on butait, au bout du quai des Pêcheurs, sur la porte des Pêcheurs. Il s’agissait de fortifications modifiées au fil des siècles, marquées surtout par une haute tour carrée dont on voit encore les fondations. Mon arrière-arrière-grand-père nous en explique la localisation.

Il montre aussi comment le boulevard de la Victoire s’est créé à la place de l’ancien rempart qui filait vers la Citadelle. La nouvelle Université vient alors de sortir de terre juste un peu plus loin. C’est sur l’emprise des fortifications qu’une société d’assurance prussienne jette son dévolu.
La Germania de Stettin

Antoine Wendling assiste à l’arrivée de grandes sociétés allemandes. Il redoute qu’elles s’accaparent le foncier dévolu à la création de la Neustadt. Il faut dire que la Germania donne un signal puissant. La société d’assurances sur la vie basée aux confins orientaux de la Prusse investit à Strasbourg dans un puissant programme immobilier. Elle en confie la conception à deux architectes berlinois, Kayser et von Grossheim. Ils ont notamment concouru pour le Reichstag de Berlin.

Les plans de la Gallia / Germania de Strasbourg
Pour le projet strasbourgeois, ils ont choisi le style néo-Renaissance d’Allemagne du Nord qui fait alors fureur. La Gallia / Germania de Strasbourg vient de la Baltique !

Il s’agit d’exalter une architecture typiquement germanique, censée rappeler à l’Alsace quelles sont ses vraies racines. Antoine Wendling, architecte francophile épris du classicisme français, s’en offusque. Il déplore un style totalement étranger à la ville, surchargé et boursouflé d’orgueil.
L’opération immobilière Gallia / Germania

S’il en critique le style, on sent quand même mon trisaïeul admiratif devant le luxe des dix-huit appartements de standing déployés au-dessus de nombreux commerces. Des logements de six à huit pièces, avec salle de bain, douches, toilettes, équipements encore rares en 1885, sur lesquels hauts-fonctionnaires et officiers supérieurs jetteront leur dévolu.
Aujourd’hui, la Gallia de Strasbourg est une résidence étudiante entièrement rénovée. En plein coeur de la ville, elle continue d’aimanter une bonne part de la vie universitaire. Irait-on jusqu’à regretter, avec Antoine Wendling, que son apparence ait été nettement simplifiée après les bombardements de 1944 ?
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