Pour achever l’histoire des importantes modifications des alentours de Saint-Thomas, mon trisaïeul Antoine Wendling nous convie à un cours d’architecture. Le grand bâtiment de l’école Saint-Thomas de Strasbourg lui sert d’illustration d’un courant important en Alsace : le Heimatschutz. Un de ses plus fervents promoteurs, Fritz Beblo, prend peu à peu les commandes du bureau d’architecture de la Ville.
Les excès de l’historicisme
Antoine Wendling rappelle d’abord les excès de l’architecture officielle prussienne. Sous prétexte de « rappeler » à la province annexée ses racines germaniques, les autorités puisent dans l’histoire architecturale allemande. Le style néo-Renaissance, notamment, a défrayé la chronique une fois de trop à la Drachenschule, le lycée Charles Frey. Souvent, et c’est le cas ici, ces constructions se font sur les décombres d’authentiques hôtels de la Renaissance. Et mon arrière-arrière-grand-père a raconté combien ont été sacrifiés depuis 1860, notamment autour de Saint-Thomas.

Fritz Beblo et le Heimatschutz

Si certains, comme les Salomon, essaient de répliquer en déclinant une néo-Renaissance spécifiquement alsacienne, d’autres exposent des revendications plus complexes. Le mouvement du Heimatschutz cherche à préserver le milieu existant, dans toutes ses dimensions : architecturale, mais aussi naturelle, patrimoniale, folklorique… Antoine Wendling raconte l’arrivée à Strasbourg d’un jeune architecte allemand, Fritz Beblo. Celui-ci, protestant libéral, se réclame de ces valeurs, conjuguées à une vie simple et modeste. Leur traduction architecturale se verra dans l’école de la Musau, les Bains Municipaux et, bien sûr, l’école Saint-Thomas.
L’hôtel de la Monnaie avant l’école Saint-Thomas
L’emplacement choisi pour construire la nouvelle école Saint-Thomas est alors occupé par l’ancien hôtel de la Monnaie. Mon trisaïeul en raconte l’origine : quatre hôtels de la Renaissance progressivement réunis et modifiés à travers les siècles. De 1756 à 1870, on y frappe monnaie.

Seulement, ces vénérables bâtiments, comme l’hôtel du Dragon de l’autre côté de l’eau, comme les hôtels canoniaux autour de Saint-Thomas, sont considérés comme trop vétustes. L’administration allemande de la Ville, qui n’en fait plus usage, décide alors de les détruire en 1902.
La nouvelle école Saint-Thomas

Le chantier est confié au jeune Fritz Beblo. Il lui échoit la redoutable tâche d’intégrer un grand bâtiment au cœur d’un des plus anciens quartiers de la ville. Il utilise pour cela certains codes architecturaux environnants. Les toitures pentues recouvertes de tuiles en queue de castor alternent avec les croupes mansardées.
Les tourelles d’angle sont censées rappeler celles de la Renaissance, de même que les pignons à volute ou l’oriel de la maison du concierge. On sent Antoine Wendling partagé entre admiration et doute. Il ne cache pas, en tout cas, sa répulsion pour le crépi rouge saturé qui est une des signatures de Beblo.
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