Cette semaine, Antoine Wendling raconte la singulière histoire d’une petite rue de la vieille ville complètement transformée en 1905, la rue du Parchemin à Strasbourg. Mon arrière-arrière-grand-père a assisté à son redressement et à la construction d’un ensemble d’immeubles singuliers. Tous ont été bâtis par ou pour une entreprise locale, celle des architectes Wieger et Graff.
Un zigzag à redresser
Antoine Wendling rappelle d’abord l’issue curieuse du grand axe qui va de Saint-Pierre-le-Vieux à la porte des Juifs. Il traverse la ville d’ouest en est par la Grand’Rue, la rue des et la rue des Juifs. Mais il bute ensuite sur un premier obstacle pour se rétrécir dans la rue du Parchemin. C’est la belle maison alsacienne du Katzenroller. Le second est encore plus important : il faut contourner l’église des Récollets par la petite rue du même nom, encore plus étroite, pour arriver enfin au canal. Le raccordement de la Neustadt à la vieille ville nécessite de transformer l’endroit en profondeur. C’est une véritable opération d’urbanisme.

L’ancien couvent des Récollets

L’église et le couvent des Récollets ont été désacralisés à la Révolution. À l’époque d’Antoine Wendling, l’ensemble sert de magasin d’habillement pour l’armée. On décide d’abattre complètement l’église afin de quadrupler la largeur de la rue des Récollets. C’est le point de départ de l’axe depuis le quai.
Mais le nouvel alignement obtenu entraîne la destruction de la plupart des maisons de la rue suivante, la rue du Parchemin.

Le côté pair de la rue du Parchemin
Mon trisaïeul raconte comment l’entreprise d’Albert Wieger et Georges Graff achète tous les lots à construire et restera propriétaire des nouveaux immeubles. Sur le côté pair de la rue, elle bâtit quatre immeubles assez ressemblants, d’un style passe-partout qu’Antoine Wendling juge néanmoins un peu lourd. Parmi les maisons détruites, la valeur patrimoniale du numéro 2, le Katzenroller, incitera les autorités à en réutiliser des éléments de la façade au lycée des Pontonniers.

Le côté impair de la rue du Parchemin

Pour l’autre côté de la rue, celui qui sera le plus visible en venant de la Neustadt, Wieger et Graff se font aider. Le couple star de l’architecture strasbourgeoise d’alors, Berninger et Krafft, propose trois immeubles très typés. À l’angle de la rue Brûlée, le numéro 11 en est la proue. Assez avare de compliments lorsqu’il s’agit de modernisme, Antoine Wendling en loue l’originalité. La grande rotonde d’angle, qui donne l’illusion d’une tour, mêle régionalisme et art nouveau, fait dialoguer courbes et lignes droites avec une rare subtilité. Sa flèche dialogue avec celle de la cathédrale. L’ensemble constitue un exemple réussi de dialogue entre la Neustadt et la vieille ville.
La rue du Parchemin à Strasbourg est ainsi une des rares voies de la vieille ville à être presque entièrement lotie d’immeubles postérieurs à 1900.
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