En 2024, bien peu de Strasbourgeois disent : « Je vais à la Maison Rouge ». On entendra plutôt : « Je vais à la FNAC ». Pourtant, des siècles durant, la Maison Rouge représentait un haut lieu de l’hôtellerie alsacienne. Avant de cristalliser de violentes passions architecturales et patrimoniales. C’est l’histoire de cette Maison Rouge que nous raconte Antoine Wendling dans un article riche d’illustrations du Strasbourg d’antan.
La place Kléber et Blondel
Mon trisaïeul Antoine Wendling raconte d’abord la place Kléber de sa jeunesse. Du grand projet de l’architecte Blondel, en 1765, cherchant à créer une unité architecturale sur une place en forme de fer à cheval, seule l’Aubette est construite. Les accès à la place dépendent de sortes de goulets d’étranglement. On les voit bien, sauf au coin nord-est. Ils visent à favoriser un effet de surprise.
La Maison Rouge d’antan
À la place du bâtiment classique que Blondel voulait ériger sur le côté ouest de la place, mon arrière-arrière-grand-père architecte raconte les anciennes et étroites maisons un peu désordonnées. Cinq d’entre elles se sont agrégées pour devenir l’ancien hôtel de la Maison Rouge. Il accueille fugacement Bonaparte en 1797 et, plus longuement, Victor Hugo en 1836. À la fin du siècle, son propriétaire d’alors, un certain Goebel, envisage de le moderniser de fond en comble. Finalement, le projet n’aboutit pas et l’affaire échoit dans les mains d’un bavarois nommé Walter.
Les pittoresques voisines de la Maison Rouge
Antoine Wendling s’attache à décrire l’environnement de la Maison Rouge. À gauche, le pâté de maisons compris entre la Grande et la Petite rue de la Grange avance sur la place Kléber. Il se termine par deux curieuses bâtisses typiques de la vétusté qui conduira à légitimer la Grande Percée. À droite, les étroites maisons d’artisans alternent avec des adresses telles que le petit hôtel « À la Ville de Mulhouse », les estaminets de « L’Ours Blanc » ou du « Paysan Bleu ». C’est tout un univers, en grande partie remplacé par le grand bloc de béton des années 1970, qui revit ainsi sous la plume du vieil architecte.
La nouvelle Maison Rouge
Après un incendie, en 1898, il fallut reconstruire l’ensemble. Alors on fit un palace ! Antoine Wendling décrit le projet de ses collègues Brion et Haug. Dans la veine débridée du style « Beaux-Arts », ceux-ci proposent un très grand édifice, aux influences multiples. L’adéquation à l’environnement architectural n’entre pas en ligne de compte. La façade est un argument commercial destiné à montrer le statut de l’établissement. Rien n’est trop monumental, démesuré, surchargé, dès lors, pour se démarquer comme le plus grand et luxueux palace de Strasbourg.
Le luxe de la Maison Rouge
Les lieux de réception, salle des fêtes, restaurants, salons attirent la clientèle la plus huppée. Têtes couronnées et célébrités y réservent les cent trente chambres de standing. Las, le luxe de 1900 n’est plus celui de 1970. La clientèle non plus. L’affaire périclite et les promoteurs, avides de profit et de « modernité » détruisent le palace qui n’a pas fêté ses 75 ans…
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