La Manufacture des Tabacs de Strasbourg

racontée par Antoine Wendling

Du 4 au 6 octobre 2024, la Manufacture des Tabacs de Strasbourg a fêté l’inauguration de sa spectaculaire mue. Pôle universitaire, école d’arts, incubateur de start-ups, bars et magasins de commerce équitable, autant de structures que mon arrière-arrière-grand-père Antoine Wendling aurait été bien en peine d’imaginer ! Lui, par contre, raconte la naissance de la Manufacture et la façon dont elle a transformé le quartier de la Krutenau.

Le quartier de la Krutenau

La première Manufacture des Tabacs était située sur l’emplacement de l’actuel collège Saint-Étienne. Lorsque l’Évêché voulut récupérer le lieu, il fallut trouver un endroit où construire de nouveaux bâtiments. Mon trisaïeul raconte le quartier de la Krutenau choisi, un quartier alors assez pauvre. Avec le Rheingiessen

Strasbourg - Krutenau et Rheingiessen - Sandmann
Le Rheingiessen et le Renard-Prêchant vers 1840

qui le traversait, il était peuplé de bateliers et de pêcheurs, mais aussi de soldats de nombreuses casernes alentour, d’étudiants fréquentant l’Académie (actuel lycée Oberlin).

Les plans de la Manufacture des Tabacs

Eugène Rolland
Eugène Rolland, concepteur de la Manufacture des Tabacs

En plein service militaire au 5e Régiment d’Artillerie tout proche, Antoine Wendling assiste à la pose de la première pierre. Il évoque l’ingénieur Eugéne Rolland qui, à Strasbourg, étrenne un nouveau plan, prototype des futures manufactures de tabacs du monopole de l’État. Témoins du passage de l’artisanat à l’industrie, le nouvel édifice monumental doit permettre l’installation de machines comme les torréfacteurs dont Rolland est l’inventeur. Ce dernier confie la construction elle-même à l’architecte Jean-André Weyer, l’auteur de la gare du Marais Vert.

Strasbourg - Manufacture des Tabacs - Élévation
Élévation de l’avant de la Manufacture des Tabacs, avec la maison du directeur (Inventaire général Grand-Est)

Les ateliers de la Manufacture des Tabacs

Strasbourg - Manufacture des Tabacs - Coupe d'un bâtiment
Coupe d’un bâtiment de la Manufacture des Tabacs

De cet austère et grandiose bâtiment industriel, mon arrière-arrière-grand-père retient surtout les techniques utilisées à l’époque pour dégager de vastes espaces. Les piliers de fonte, de bois ou de métal riveté permettent de soutenir les étages, souvent équipés de lourdes machines. Les ateliers sont vastes, avec un éclairage correspondant à leurs usages.

Strasbourg - Manufacture des Tabacs - ENGEES
Les locaux de l’ENGEES dans la Manufacture

Les ouvrières de la Manufacture des Tabacs

Enfin, Antoine Wendling s’intéresse aux centaines d’ouvrières de la Manufacture. Remplaçant d’anciens soldats, elles s’implantent dans le quartier. Elles en changent radicalement l’aspect. Petit à petit s’élèvent de nombreux petits immeubles simples, remplaçant les vieilles masures traditionnelles.

Strasbourg - Manufacture des Tabacs - Atelier séchage des feuilles
Atelier de séchage des feuilles à la Manufacture des Tabacs de Strasbourg

Fumer ou priser, à l’époque d’Antoine Wendling, était un signe de distinction. Les pratiques changent. Les prescriptions sanitaires aussi. Toutes les manufactures des tabacs de France ont fermé. Beaucoup se réinventent. Celle de Strasbourg le fait avec audace et inventivité, tout en préservant ce patrimoine architectural et industriel des années 1850.


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