Antoine Wendling, mon arrière-arrière-grand-père architecte, a participé à la création du quai Jacques Sturm à Strasbourg. Dans un article très documenté, il raconte la naissance de cette nouvelle voie, à la lisière de la future Neustadt. Les immeubles qui la bordent, dont le sien, explorent tous les styles qui seront déclinés dans la nouvelle ville.

Construire sur les anciennes défenses

Mon trisaïeul rappelle d’abord le Strasbourg qu’il a connu avant 1870. Au nord, le quartier des trois faubourgs s’arrêtait en face du quai Schoepflin. Là, le rempart revenait de la Porte de Pierres jusqu’au canal et formait un profond coin entrant, défendu par une puissante demi-lune. C’est à partir de là que le plan d’extension conçu par Jean-Geoffroy Conrath se déploie. À côté de l’ancienne caserne Finkmatt appelée à disparaître, un nouveau quai rejoindra la future place impériale, notre place de la République.

Le nouveau quai Jacques Sturm

La naissance du Sturmeckstaden, ou quai Jacques Sturrm, commence avec la construction du Civil-Casino au Roseneck. Antoine Wendling raconte les plans d’Hermann Lender pour ce bâtiment de prestige du pendant civil du cercle des officiers. Le style palladien de la Renaissance italienne donne le ton, en 1882, aux parcelles suivantes. À l’exception de la dernière, elles sont acquises par des particuliers.

Diversité au quai Jacques Sturm

De beaux immeubles de rapport sont alors construits, notamment par un industriel voisin, Josef Wittmer. Il possède une fabrique de tuyaux au quai Kellermann. Antoine Wendling évoque la diversité des styles : néo-classique, néo-Renaissance… La dernière parcelle du quai revient au service des fortifications. Il y élève un sobre bâtiment de grès rose, à l’image des nouvelles défenses de la ville. Tout se fait entre 1882 et 1888.

le 4 quai Jaques Sturm

Mais on ressent la légitime fierté de mon trisaïeul pour l’hôtel particulier que lui a commandé Charles Grasser. Miniature d’architecture éclectique, il concentre les influences néo-classiques chères à Antoine Wendling. Mais il inclut aussi une référence alsacienne, avec l’oriel au-dessus de la porte d’entrée. C’est un exemple rare d’habillage classique de ce marqueur architectural de la Renaissance. Les pilastres à chapiteaux lui donnent une tournure originale. Antoine Wendling insiste sur les vastes espaces intérieurs. Insoupçonnés de l’extérieur, ils profitent d’une grande hauteur sous plafond.

De nos jours, une société hôtelière exploite ces beaux volumes. En une dizaine de suites et de chambres, la résidence hôtelière Le Moon modernise la villa tout en en respectant l’esprit.