Cette semaine, mon arrière-arrière-grand-père Antoine Wendling prolonge son évocation du quartier Saint-Thomas. Après avoir raconté les transformations qu’y a opéré le grand Émile Salomon, il en vient à la pièce maîtresse. L’ancienne Caisse d’Épargne de Strasbourg a achevé la mutation de la place Saint-Thomas en 1903. Émile Salomon en est encore l’auteur, mais avec son fils Henri.
Les sacrifiés de la Caisse d’Épargne
L’emplacement choisi, au cœur du quartier protestant historique de Strasbourg, comportait forcément de vénérables demeures de chanoines. Une fois encore, mon trisaïeul nous les décrit et évoque les occupants illustres qui s’y sont succédé. Il pose la question de la sauvegarde ou de la préservation de telles demeures, souvent dans un état de vétusté avancée.


Ainsi, deux grands hôtels avec jardins, Zum Römer et Zum Hanekrote, demeures de Jacques Twinger, Wolfgang Capito ou Jean-Daniel Schoepflin, disparurent. La Fondation Saint-Thomas les vendit à la Caisse d’Épargne, implantée à Strasbourg depuis 1834, et qui avait besoin d’un nouveau siège.
Le style d’Henri et Émile Salomon

Comme Antoine Wendling avait vertement critiqué le style lourd et massif de l’école du Dragon (le lycée Charles Frey), il s’intéresse forcément à celui choisi pour le nouveau bâtiment. Aux sempiternelles références à la Renaissance germanique convoquées par les autorités, Émile Salomon et son fils opposent une vision de la Renaissance alsacienne. Elle puise ses inspirations à la Neue Bau (la CCI) de la place Gutenberg, mais aussi aux travaux de Salomon sur l’ancienne maison Lauth, rue de la Douane.
Les détails de la Caisse d’Epargne
Il en résulte un édifice aux détails très soignés. A l’extérieur comme à l’intérieur, les Salomon font montre de leurs talents et de leur art. Leurs plans, esquisses et aquarelles explorent toutes les facettes de l’aménagement.
Mais la question de fond demeure. Mon trisaïeul nous la laisse en héritage. Fallait-il détruire tous ces édifices Renaissance autour de Saint-Thomas ?

Qu’aurait fait notre époque face à de telles surfaces dans des quartiers prestigieux ? Le Chapitre Saint-Thomas a-t-il eu raison de moderniser l’habitat ? A-t-il eu raison de chercher à rentabiliser ? Les architectes de la génération d’Antoine Wendling et de la suivante ont-ils défiguré la ville ? Ou bien ont-ils simplement apporté leur pierre à son évolution naturelle ?
Que puis-je vous aider à écrire ?
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