Antoine Wendling, mon arrière-arrière-grand-père architecte, s’arrête sur l’histoire mouvementée de la séparation entre les communautés catholiques et protestantes de Saint-Pierre-le-Jeune à Strasbourg. Il évoque la construction de la nouvelle église catholique en 1893. Avec le Palais de Justice voisin et juste postérieur, elle offre une magistrale porte d’entrée sur l’angle sud-ouest de la Neustadt.
Que faire des catholiques de Saint-Pierre-le-Jeune ?
Paroissien et voisin de Saint-Pierre-le-Jeune, une des plus anciennes églises de Strasbourg, mon trisaïeul sait combien la cohabitation avec la communauté protestante se tend. L’afflux de nouvelles âmes dans la paroisse rend le partage de l’édifice de plus en plus ardu. Depuis les années 1860, la municipalité cherche une solution, ajournée par la guerre.

Après moult tractations, les nouvelles autorités conviennent de bâtir une nouvelle église pour la communauté catholique. Elle prendra place sur les anciennes fortifications, entre les restes de la caserne Finkmatt et le nouveau quai Jacques Sturm.
La nouvelle église catholique Saint-Pierre-le-Jeune

Le chantier échoit à deux architectes prussiens, Neckelmann et Hartel. Ils bâtiront ensuite le Landesausschuss et la Bibliothèque universitaire. On sent aisément que le style qu’ils choisissent ne remporte pas les suffrages d’Antoine Wendling. La monumentalité de la coupole, qui hésite entre des influences byzantines et de la Renaissance, ne lui semble pas en adéquation avec l’inspiration néo-romane et parfois néo-gothique du reste de l’édifice.
Une riche décoration intérieure
L’intérieur a fait l’objet d’un soin particulier. Les peintures des voûtes, notamment, avec leurs anges monumentaux sous la coupole, marquent l’apogée du catholicisme triomphant. Comme un gage donné à une communauté dont les autorités cherchent à s’attirer les faveurs. Un gigantesque lustre pend de la lanterne, figurant la Jérusalem céleste. Des statues de sculpteurs réputés ornent plusieurs endroits de l’édifice, de même qu’une chaire impressionnante de Théophile Klem. Malgré tout cela — ou peut-être à cause de tout cela ? — mon arrière-arrière-grand-père n’y trouve pas son compte et regrette la belle église gothique laissée aux protestants.

Le nouveau Palais de Justice

À partir de 1895, sur l’emplacement de l’ancienne caserne Finkmatt et du rempart, commence à s’élever le nouveau Palais de Justice. C’est encore Neckelmann qui en conçoit l’habillage extérieur, privé du concours de Hartel, prématurément décédé.
À la manière d’une Renaissance italienne pétrie de références antiques, l’édifice impressionne. Monumental, sévère, il est conçu pour inspirer le respect face à la toute-puissance du pouvoir judiciaire.
Ainsi, le nouveau coin du Finkmatt, ancien môle de défense, devient-il une monumentale porte d’entrée de la Neustadt. Composite aussi, ce que déplore Antoine Wendling qui a construit une belle villa toute proche.
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